Patricia, Présidente d’AEC-Foyer Lataste, raconte les origines de l’association
C’est à l’occasion de mon premier voyage au Cambodge en 1996 que j’ai découvert à Sisophon le Foyer Lataste, fondé en 1993 par Emmanuel Guary (aujourd’hui vice président d’AEC) et les membres de l’ADTJK, notre partenaire historique.
Dans ce foyer séjournaient des enfants isolés ou sans famille, des femmes, pour la plupart veuves et sans ressources, des cadres cambodgiens chargés de l’éducation scolaire et sanitaire, tous originaires de Banthey Meanchey et victimes innocentes de la guérilla Khmers rouges.
Ce qui m’a frappé en arrivant dans ce lieu c’est l’heureux brouhaha de ces enfants de tout âge, dans un site exceptionnel, situé au pied des montagnes, magnifiquement décoré de fleurs multicolores et plus particulièrement de Chanthou (une variété de fleurs cambodgiennes avec lesquelles on confectionne des couronnes de fleurs), des arbres fruitiers à l’ombre desquels il faisait bon se reposer, des frangipaniers, des bougainvilliers, quelques poules vagabondes, des cochons et même 2 vaches.
Le foyer Lataste était composé d’un centre de formation professionnelle, de salles de classe, de plusieurs dortoirs, d’un réfectoire avec des fresques murales où tous mangeaient ensemble, de plusieurs maisons familiales, d’une infirmerie et d’une immense terrasse fleurie d’orchidées et au centre du terrain un immense théâtre de bois sur pilotis, lieu de rassemblements et de fêtes. Les enfants y recevaient là quotidiennement l’enseignement du bouddhisme par M. Narin. Ils y apprenaient aussi les danses traditionnelles khmères.
« Papa Emmanuel » veillait sur chacun des enfants comme sur sa propre famille. A ses côtés, plusieurs cambodgiens avec qui il avait fondé l’ADTJK : M.Narin, M.Chhulnly, M.Pin, Melle Kimsen, Me Minsok et bien d’autres encore. Tous avaient l’envie de redonner à ces enfants (souvent orphelins) une nouvelle vie, un accès à l’école, a la culture, aux soins médicaux. Au foyer, ils pouvaient recouvrer une vie d’enfant, loin des derniers conflits, de la prostitution ou du travail contraint dans la rizière.
J’ai été accueillie avec ces beaux sourires et très vite l’intégration a été totale.
Dans ce foyer, tout était mis en œuvre pour que chacun trouve sa place et vive dans l’espérance et la dignité.
Chaque enfant participait à la vie du foyer. Certains étaient députés au jardin potager, d’autres à l’arrosage des fleurs, d’autres encore aux tâches ménagères.
Tous les enfants étaient scolarisés au village et bénéficiaient de cours de soutien complémentaires par les enseignants du collège et du lycée tout proche. Parmi eux, Mr. Sœurn aujourd’hui responsable du programme CSS. Les plus grands étaient des jeunes soldats démobilisés. Au foyer, ils apprenaient la mécanique automobile ou la menuiserie. Parmi eux Sinara et Taingo eux aussi salariés du Foyer Lataste d’aujourd’hui. Ce sont eux qui, avec le soutien de tous les autres étudiants, ont construit de leurs mains le foyer. Chaque aîné veillait sur les plus jeunes comme des grands frères. Une attention particulière était portée à la jeune Marie Veasna, polyhandicapée, abandonnée aux portes du Foyer en raison de son handicap.
L’ambiance était chaleureuse et familiale.
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Entre 1993 et 1998, c’est près d’une centaine d’enfants qui ont été accueillis dans ce foyer. Beaucoup d’entre eux sont encore aujourd’hui en lien avec Emmanuel. Beaucoup d’entre eux ont aujourd’hui une belle situation professionnelle et jouent un rôle important dans le développement de leur pays,
Lorsqu’en 1998, Emmanuel décide de quitter le Cambodge, l’ADTJK a souhaité poursuivre le projet en recherchant des nouveaux partenaires qui accepteraient de poursuivre le projet initial.
C’est marquée par cette rencontre en 1996, qui a laissé en moi une marque indélébile, que je me suis engagée avec Denis, ami d’Emmanuel, dans cette incroyable aventure humaine et que nous avons créé l’association AEC-Foyer Lataste. Sans cette rencontre, sans l’appui et l’expérience de notre partenaire privilégié l’ADTJK AEC FOYER LATASTE n’aurait jamais vu le jour.
Ce que nous sommes aujourd’hui nous le devons bien sûr à l’engagement de nos parrains, marraines et donateurs qui depuis 20 ans nous soutiennent et nous accompagnent. Nous le devons aussi à ceux qui dès 1993 en ont posé les fondations. Aujourd’hui encore, nous avons à cœur d’accueillir les plus fragiles des enfants du Cambodge pour leur permettre d’accéder à une éducation de qualité et recouvrer espérance et dignité.
En ce 20éme anniversaire d’AEC, mes pensées vont vers l’ADTJK et Emmanuel.
Notre actuel Foyer n’est rien d’autre que la continuité d’un beau projet né au foyer Lataste de Sisophon en 1993.
Patricia LABOURIER, mars 2018