D’ O U V I E N T L E N O M L A T A S T E ?
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Jean-Joseph Lataste, né à Cadillac en Gironde le 5 septembre 1832 et mort le 10 mars 1869, est un prêtre dominicain, fondateur des « Sœurs dominicaines de Béthanie ». Il a été déclaré Vénérable le 1er juin 2007 par le Pape Benoît XVI et béatifié le 3 juin 2012.
Durant sa première année de ministère, le Père Lataste fut chargé de nombreuses prédications et de l’animation de retraites. L’une d’entre elles marquera définitivement sa vie : celle auprès des détenues de la prison de Cadillac en septembre 1864. Au contact de ces détenues condamnées pour la plupart à de lourdes peines par la justice, il découvre des femmes qui étaient en réalité, aux yeux des hommes et à leurs propres yeux, condamnées à perpétuité. Impossible à l’époque d’imaginer une quelconque réhabilitation pour ces personnes que la société considérait comme définitivement perdues pour elle. Il existait bien quelques établissements qui accueillaient des femmes sortant de prison mais ces femmes, si elles y trouvaient accueil et lieu de prière, ne pouvaient jamais y devenir religieuses, ce qu’elles désiraient.
Le Père Lataste souhaitait, lui, qu’il y ait fusion entre les religieuses et les repenties, sans tenir compte du passé des unes et des autres. Le principe fondateur étant qu’il n’y ait aucune distinction entre les réhabilitées et les autres religieuses. Sans jamais nier les raisons qui avaient conduit ces femmes en prison et sans jamais remettre en cause la justice des hommes, le Père Lataste n’a jamais cessé de croire en elles et à leur réhabilitation possible, pour peu qu’elle repose sur un désir profond de changer de vie et d’être actrice de leur devenir.
Quel est le lien qui unit le Cambodge et le projet de l’association AEC-Foyer Lataste qui, dès sa fondation, a revendiqué sa dimension non confessionnelle et apolitique ?
Depuis l’élan donné par le Père Lataste en 1864, l’action d’AEC-Foyer Lataste s’inspire, partout où elle est vécue, de valeurs fondamentales : la valeur unique et irremplaçable de chaque personne humaine, la dignité de tout homme et de toute femme, quels que soient leur origine, leur situation, leur histoire, leur état physique, psychique ou social, la liberté fondamentale de chacun, la fraternité et la solidarité. Au-delà donc de son oeuvre de réhabilitation et de fondation de la Congrégation de Béthanie, le Père Lataste nous invite à croire encore aujourd’hui que tout reste possible, qu’une personne est plus grande que les actes qu’elle pose à un moment de sa vie, qu’aucun de nous n’est condamné à subir le poids de son histoire pour peu qu’on y introduise l’espérance, la charité et la force du collectif autour d’un projet éducatif commun et partagé.
Après les années terribles qu’a connu le Cambodge, où pour survivre au génocide khmers rouges, il fallait vivre dans le mensonge ou la dénonciation de son prochain, le roi Sihanouk a eu l’intuition que son pays ne pouvait renaître de ses cendres qu’à travers une « réconciliation nationale ». Bien sûr, il ne s’agissait pas de nier le poids de l’histoire et la responsabilité de ceux qui avaient commis les actes que nous connaissons. Il s’agissait plutôt de construire et de reconstruire des vies sur un projet nouveau et porteur de promesses où chacun aurait sa place. Le premier Foyer Lataste est né de cette intuition fondatrice que tous avaient droit à prétendre à une vie meilleure quelle que soit son origine et son histoire, au-delà des situations de vie, souvent chaotiques. C’est ainsi que dès le début des années 1990, le Foyer a accueilli des très jeunes enfants orphelins de guerre ou issus de familles très pauvres, de jeunes soldats démobilisés issus des différentes factions militaires en place à l’époque dans le Nord-Ouest du Cambodge, les premiers cadres cambodgiens que tout opposait, autour d’un projet commun, celui d’accéder à une vie meilleure, à travers des programmes d’éducation et d’accès à la culture, dans un cadre familial et beau, où chacun pourrait redevenir acteur de sa vie.
N O S D A T E S C L E F S
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