Les cours privés parallèles sont une caractéristique de l’éducation cambodgienne depuis au moins le début des années 1990. Tout le monde sait qu’ils existent. Cependant, ils restent généralement ignorés dans les discussions sur la qualité et la gestion de l’enseignement public.
Totalement dévasté par la guerre et par le régime des Khmers Rouges dans les années 70, le Cambodge est engagé dans une reconstruction totale du pays depuis 1979. Faute d’infrastructure sur laquelle s’appuyer, tout était à construire, y compris dans le secteur de l’éducation. Le gouvernement a ainsi élargi l’accès à l’éducation à toutes les tranches d’âge en augmentant rapidement le nombre d’écoles mais en étant incapable de fournir suffisamment d’enseignants qualifiés. Cette pénurie de professeurs de qualité a incité le ministère de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports (MoEYS) à maximiser la taille des classes et à mettre en place un double calendrier scolaire avec des classes soit le matin, et soit l’après-midi.
Cette stratégie, réduisant le temps d’instruction sur la journée, a rapidement posé de nombreux problèmes. Les parents ont été poussé à demander des cours privés pour compenser le manque des écoles publiques. Leurs enfants peuvent ainsi suivre le programme prévu et réussir non seulement les examens mais aussi à l’avenir.
Ainsi, de nombreux élèves suivent des cours gratuits pendant la journée scolaire officielle, puis des cours payants après l’école. Ce sont souvent les mêmes enseignants qui donnent cours et dans les mêmes salles de classe. Ces cours additionnels sont aujourd’hui nécessaires pour couvrir la totalité du programme. Ils sont donc indispensables à la réussite scolaire des enfants. Malgré plusieurs tentatives du MoEYS pour limiter ces cours privés, ce système s’est rapidement développé.
Poussés par des bas salaires, les enseignants y voient un grand intérêt financier et tirent profit de ce système. Plusieurs études ont dénoncé des abus de la part des enseignants. Il s’agit notamment du fait de conserver certains chapitres essentiels uniquement pour les cours privés, ou de négliger les élèves ne participant pas aux cours privées.
Cette situation maintient et exacerbe les inégalités, excluant les enfants qui ne peuvent pas se permettre ces frais supplémentaires. C’est cette pratique qui a poussé le Foyer Lataste à mettre en place des cours gratuits au Centre
de Soutien Scolaire pour les enfants les plus pauvres.
Rédigé par Coline Cimetière, coordinatrice de terrain
Retrouvez nos autres articles sur le thème de l’éducation :